Par Jean-Paul
Eliard
le 13 Mars 2025
Bonjour Catayoune, je suis très heureux de faire cet interview.
Pouvez-vous, vous présenter aux visiteurs de cinema-movietheater.com?
Je suis Catayoune Ahmadi, actrice et danseuse professionnelle d’origine Iranienne.
Je suis née à Paris de deux iraniens et ayant été entourée d’une grande famille ici, j’ai baigné dans la culture iranienne durant toute mon enfance.
J’allais très souvent à Téhéran et j’ai parlé le persan avant le français. J’ai donc toujours été très proche de l’Iran bien qu’ayant grandi en France.
J’ai commencé par la danse, la comédie est venue à moi plus tard.
J’ai été formée à Paris en danse classique et moderne et j’ai complété ma formation à la Martha Graham School de New York où j’ai dansé pendant deux ans.
C’est à mon retour à Paris, après plusieurs rencontres et expériences que le métier de comédienne s’est imposé à moi comme une évidence.
J’ai donc étudié au Cours Peyran Lacroix où j’ai suivi un cursus professionnel pendant trois ans et je continue aujourd’hui à m’entraîner quotidiennement et à danser professionnellement en parallèle du cinéma et du théâtre.
Qu'aimez vous dans votre personnage Mahtab et quand vous avez lu le scénario?
Jouer le rôle de Mahtab a été un véritable honneur pour moi.
Son histoire est celle de nos parents, de nos familles, Mahtab symbolise tous ces jeunes qui se sont battus en Iran pour leur liberté, certains au prix de leur vie, à l’époque et encore aujourd’hui.
Tant ont été arrêtés, emprisonnés, torturés et pour certains exécutés dans les mois et les années qui ont suivi la révolution.
Pour ma génération, c’est un héritage que l’on porte en nous.
Et avoir l’opportunité de rendre hommage à tous ces étudiants morts en Iran d’avoir voulu être libres, et être la voix de ceux qui continuent à se battre encore 46 ans après a une importance immense pour moi.
Pouvez-vous nous dire comment vous avez obtenu votre rôle ?
J’ai entendu parler du projet d’Eran Riklis d’adapter le roman d’Azar Nafisi au cinéma et j’ai cherché par tous les moyens d’entrer en contact avec lui.
S’en sont suivis plusieurs castings par Zoom (Eran étant en Israël), neuf mois d’attente, une rencontre à Paris et enfin la réponse définitive.
J’ai appris par la suite qu’Eran avait auditionné plusieurs centaines de filles aux quatre coins du monde pour le casting, je n’en revenais pas !
Je ne peux plus retourner en Iran depuis, (en raison du sujet du film mais aussi car il a été réalisé par un israélien) mais c’est un sacrifice que je n’ai pas hésité une seconde à faire.
À côté des risques que les femmes prennent en Iran, c’était la moindre chose que je puisse faire. La seule manière que j’avais d’ici de prendre une infime part au combat.
Comment était le tournage avec Golshifteh Farahani, Zar Amir Ebrahimi, Mina Kavani........... et la réalisateur Eran Riklis ?
Magnifique. Eran est un homme admirablement humain et un réalisateur passionné et extrêmement bienveillant.
Il a su nous diriger avec beaucoup de finesse, bien que nous jouions principalement en Persan, langue qu’il ne parle pas et il a été extrêmement rassurant et attentif tout le long du tournage.
Et un immense honneur de jouer aux côtés d’actrices et de femmes aussi inspirantes que Golshifteh, Zar et Mina !
Mais aussi d’avoir partagé tant de choses avec elles et de les avoir à présent dans ma vie.
Le tournage a eu lieu peu après la mort de Mahsa Amini, au coeur du mouvement Femme, Vie, Liberté.
Nous étions tous bouleversés mais cela nous a aussi donné beaucoup de force pour faire ce film; il régnait une atmosphère si forte, une énergie si puissante et tant d’amour …
Et nous avons créé des liens extrêmement profonds avec toutes les filles, une vraie famille est née dès les premiers jours de notre rencontre. J’ai maintenant six sœurs tout autour du monde !
Vous regardez vous lors de la diffusion ?
C’est toujours difficile pour un acteur de se voir à l’écran, j’essaye vraiment de prendre du recul et d’être objective au maximum.
Et ce qui compte c’est le film dans sa globalité, je pense que c’est indispensable pour un acteur de travailler avant tout au service de son personnage et de l’œuvre.
Combien de temps a duré le tournage et où ?
Le tournage a duré environs deux mois et demi au total et nous avons tourné à Rome en Italie.
En Iran les femmes se battent toujours pour Femme, Vie, Liberté, comme Ahou Daryaei. Où en sont les femmes Iraniennes aujourd'hui dans leur combat ?
Les femmes iraniennes mènent un combat quotidien en Iran.
Bien qu’on en parle moins dans le médias et que le mouvement de protestation que l’on a pu voir se soit un peu calmé, il faut savoir que chacun de leurs gestes, chaque centimètre de tissu, chaque mèche de cheveux, chaque chant ou parole est un acte de résistance pour une femme en Iran.
Elles ont déjà beaucoup gagné en affaiblissant le pouvoir du régime sur leur voile et elles continuent à se battre par divers moyens, en s’opposant aux lois imposées par la République Islamique et en revendiquant leurs droits chaque jour.
Je leur témoigne tout mon soutien et toute mon admiration face à leur force et leur courage.
PRIX SPÉCIAL DU JURY POUR LA DISTRIBUTION FÉMININE
et PRIX DU PUBLIC pour « Lire Lolita à Téhéran ».
Quand et pourquoi avez-vous choisi d'être comédienne ? Est ce un film, un acteur, une actrice........... ?
J’ai toujours été une passionnée de cinéma.
Je prenais déja des cours de théâtre étant enfant et nous avions des master class d’acting chez Martha Graham.
C’est là que je me suis découvert une réelle passion pour le jeu.
Et comme je l’ai dit précédemment, j’ai joué au théâtre, j’ai découvert les plateaux de tournages et j’ai su que c’était ça. Je suis passée par de grandes remises en question au début, mais j’ai compris comme ces deux métiers étaient liés, qu’il ne s’agissait pas du tout d’une reconvertion professionnelle bien au contraire.
Et pour le moment, j’ai le bonheur de parvenir à combiner mes deux carrières simultanément !
Quel est votre prochain défi / projet ?
Je pars pour une grande tournée de deux mois aux États Unis pour danser aux côtés de Shahrokh Moshkin Ghalam pour sa nouvelle pièce
« Hafez : A Love Odyssey ».
Et j’espère pouvoir retrouver un plateau de tournage à mon retour !
Voulez-vous ajouter quelque chose ?
Dans le contexte actuel, où la liberté d'expression et les droits fondamentaux sont sans cesse remis en question, je trouve essentiel que le cinéma continue d'être un espace de résistance et de dialogue.
Voir de plus en plus de films engagés prendre vie et toucher le public me rappelle à quel point l'art peut être un vecteur de prise de conscience et de changement et reste une arme précieuse pour questionner, éveiller et faire entendre ce qui doit l'être.
Merci beaucoup pour votre
interview Catayoune, je vous souhaite le meilleur. Et Heureux Nouvel An persan.
Merci beaucoup !
Plus d'informations au sujet de Catayoune sur l'Agence Marceline Lenoir (AML), sur Instagram,
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sur IMDb
Catayoune Ahmadi et Eran Riklis réalisateur du film Lire Lolita à Téhéran